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Saturday, April 21, 2007

LES LUMIERES SPIRITUELLES


Des occidentaux et des coquettes font du dzogchen comme on fait une cure de beauté. Certains adeptes pratiquent dans l’espoir d’obtenir un corps de lumière, éternellement jeune et beau. Ils accordent des vertus spirituelles aux sensations lumineuses obtenues par une pression des yeux. Cette méthode, préconisée dans certains textes dzogchen, est peut-être l’indice d’une dégénérescence de l’enseignement. Néanmoins, il n'est pas inconvevable de penser que des lamas utilisent des phosphènes dans un but didactique. En tout état de cause, le maître chinois Nan Huai-chin critique la pression des globes oculaires.


Les étoiles intérieures


Le champ visuel d’un contemplatif peut être constamment couvert de myriades de minuscules points de lumière blanche. Ces infimes points lumineux sont heureusement fixes.


Dans le cadre d'une " pratique contemplative ", quelques points peuvent grossir (et devenir aussi " gros " qu'un grain de poivre). Parfois, certains grains lumineux se réunissent, formant ainsi un conglomérat de lumière blanche. Il arrive parfois que dans ce conglomérat se dessinent des formes diverses. D'autres couleurs peuvent apparaître. Le phénomène se produit de la même façon avec les yeux ouverts ou fermés. Le canevas lumineux demeure toujours identique à l'intérieur ou à l'extérieur, le jour ou la nuit. C'est une vision totalement criblée de minuscules points de lumière blanche. Plus rarement, un grain se détache de la trame pour éclater comme un petit flash d'une fraction de seconde.


La vision quotidienne est donc " perforée " d'un nombre incommensurable de très petits trous qui laissent passer une douce et discrète lumière blanche, semblable à celle des étoiles. Dans le livre de Shardza Tashi Gyaltsen (1859-1935), intitulé " Les sphères du cœur " (Les Deux Océans), il est écrit : " Etoiles et constellations resplendissent depuis sa poitrine " p.85, l'édition française comporte une erreur, le mot " taille " a été imprimé à la place du mot " poitrine ". En réalité, selon l'anatomie subtile, c'est depuis le cœur, donc de la poitrine, que sont projetées les luminosités. Un canal relie le cœur (projecteur) aux yeux qui contemplent l’espace (l'écran).


Les fleurs de la vacuité


Des contemplatifs perçoivent des luminosités semblables à des perles de lumière blanche, d'autres sont translucides comme des gouttes d'eau parfaitement circulaires. Une chute de " neige " peut survenir durant une retraite spirituelle. Dans " Le secret de la Fleur d’or ", il est écrit : " Figez l’esprit dans le repaire de l’énergie et vous verrez soudain la blanche neige s’envoler en plein été.


" Les " flocons " de lumière blanche sont nommées thiglés dans le dzogchen. Ils sont différents des thiglés tantriques liés au sexe et à l'âge. Des textes dzogchen énumèrent les différentes formes lumineuses : des damiers, filaments lumineux, chaînes de thiglés... D’autres thiglés sont auréolés d'une enceinte colorée. Des sphérules de lumière, formant une chaîne par exemple, traversent le champ visuel du contemplatif plus ou moins rapidement, du haut vers le bas. Cette descente s'effectue sans onduler ni suivre de mouvements circulaires ou fantaisistes. Il est aisé de les faire revenir au centre de la vision d'une manière fulgurante en les regardant du coin des yeux. Le phénomène est décrit dans un texte attribué à Vimalamitra, " Les 74 fragments de la compilation des Préceptes " : " Il faudra (alors) regarder les Lampes du coin des yeux et le Discernement (fulgurera) dans l'Espace ".


Pour percevoir les thiglés, il est nécessaire de respecter certaines consignes. Il est possible de les voir en regardant le rayonnement d’une source de lumière (soleil, ampoule électrique, etc., sans se laisser éblouir). Selon les textes, des pratiquants doués, parvenus au stade du déploiement des visons, perçoivent des thiglés de plus en plus grands révélant leur contenu : des symboles et carrément des déités.


Au Moyen Age, une religieuse visionnaire, Hildegarde de Bingen, décrit un phénomène comparable aux thiglés géants " habités " du dzogchen : " Au milieu de la poitrine de la figure que j'avais contemplée au sein des espaces aériens du midi, voici qu'apparut une roue d'une merveilleuse apparence. [...] La figure de l'homme occupait le centre de cette roue géante. Le crâne était en haut, et les pieds touchaient la sphère de l'air dense, blanc et lumineux. Les doigts des deux mains, droite et gauche, étaient tendus en forme de croix, en direction de la circonférence, les bras de même. [...] Au-dessus du chef de ladite figure se faisaient face les sept planètes. " Hildegarde de Bingen, De modu visionis suae. (source Internet : http://www.outre-vie.com/inities,visionnaires,mystiques/mystiques/Hildegarde.htm )


Vajra Yogini ou la Fée Clochette


Un occidental, converti au bouddhisme tibétain, ne verra pas obligatoirement les déités du panthéon tantrique dans les thiglés géants de la phase du développement des visions. Ce dzogchenpa doué distinguera probablement, comme Hildegarde de Bingen, des formes angéliques en aube blanche s’il appartient culturellement au monde occidental. Les Near Death Experiences (NDE) ou en français Expérience de Mort Imminente (E.M.I.) décrivent des êtres de lumières qui n’ont jamais l’apparence des entités du panthéon tibétain.


Lumières et méditation


Les expériences lumineuses sont fréquentes durant les méditations. Un manuel tibétain décrit ces phénomènes (qui ne sont pas considérés comme des visions du Dzogchen). Lucioles, étincelles, fumée, figures géométriques de différentes couleurs apparaissent selon le degré de méditation. Ce sont les 5 éléments (eau, terre, air, feu, espace) qui pénètrent dans le canal central, chaque élément a sa propre couleur. L'école Chan (zen) mentionne l'existence de photismes liés à l'expérience méditative. Ces phénomènes, nommés " fleurs de vacuité " sont négligés avec raison. L'école tibétaine décourage également la contemplation de la lumière des techniques de Thogal sans avoir maîtrisé l'état d'unification de Trekchöd, l'état naturel de l'esprit. Thogal permettrait d'accélérer la compréhension de la non-dualité. De belles photographies de fresques de visions et de pratiques dzogchen se trouvent dans l'album de Ian Baker et de Thomas Laird, " Le temple secret du Dalaï-lama ", Editions de la Martinière.


La danse lumineuse de l’orgone


Le contemplatif perçoit dans le ciel des particules lumineuses qui se déplacent dans tous les directions en ondulant. Des adeptes de Wilhelm Reich voyaient dans ces particules le fameux orgone identifié, selon eux, au prâna des hindous. En 1993, à la cité de la science de la Villette, un appareil scientifique reproduisait ce phénomène naturel. En vérité, ces éléments lumineux sont provoquées par des conditions particulières qui permettent la réflexion de la lumière solaire par les globules du sang qui irriguent les yeux.


Les lumières des ténèbres


On peut redouter les conséquences néfastes du tantrisme implanté trop rapidement en Occident. Sans de véritables saints bouddhistes, capables de créer une sorte d’égrégore spirituel, une âme collective, le mercantilisme des enseignants du Vajrayana risque d’inverser la polarité spirituelle de cette tradition. Les protecteurs du Dharma pourraient devenir de redoutables prédateurs. (Sur ce sujet lire le texte de Flavie Duquesne : http://bouddhanar-1.blogspot.com/2007/04/mme-si-la-nuit-t-bien-noire.html )


Peu soucieux d’éthique, des hiérarques, héritiers du cléricalisme féodal tibétain, se conforment sans peine au capitalisme mondialisé. Des lamas en vue ne dénoncent jamais les seigneurs criminels de la guerre économique qui détruit le monde. Autrefois anachorètes, aujourd'hui vedettes du dharma, des représentants du bouddhisme tantrique profitent de ce système inique pour s’enrichir.


Quand on fréquente le monde un peu glauque des centres de la " Vérité " (dharma), décorés de fresques trop morbides, on entend des rumeurs : tel lama est possédé par la " folle sagesse ", tel autre est le thaumaturge du siècle. Les pipelettes ne sont jamais en manque de ragots dans le bouddhisme tantrique. Cette tradition située au confluent de plusieurs univers psychiques génère d’étranges propos, comme la mise en garde attribuée au gourou d’une secte dzogchen internationale. Cet autocrate tibétain, installé dans une île au large du Venezuela, aurait révélé à ses disciples l’existence d’un terrible danger occulte. Des luminosités particulièrement prédatrices se précipiteraient sur des humains pour les tuer.


Des agressions occultes, le vampirisme psychique, des obsessions peuvent être la conséquence d’une attitude trop confiante à l’égard de certaines visions. Malheureusement, un " démon " ou un parasite de l’au-delà peut s’incruster dans le cerveau d’un méditant imprudent. Beaucoup de personnes se laissent subjuguer par les courants psychiques qui balayent le monde intermédiaire, monde où s’égarent de nombreux spiritualistes, des médiums et aussi des " initiés " tantriques.


Les lumières des Expériences de Mort Imminente (EMI ou NDE)


Les pratiquants du Karling Shitro, le cycle des déités paisibles et courroucées, prétendent que seuls les initiés tantriques perçoivent ces déités et reçoivent leur aide dans l'au-delà. Dans son livre " Le miroir du cœur ", Philippe Cornu écrit : " Beaucoup de maîtres reconnaissent que, si l’on n’a pas connu la transmission de pouvoir et le sâdhana d’une déité ou d’un groupe de déités comme les paisibles et courroucées, il est impossible d’en percevoir les manifestations telles qu’elles sont décrites traditionnellement. "


Cette affirmation n’est pas une vérité établie. En effet, un occidental, initié du Vajrayana, fut confronté à l’autre monde durant une Expérience de Mort Imminente (EMI ou NDE). Une fois dans le bardo, cet adepte du bouddhisme tantrique aurait dû voir surgir les déités du mandala. Mais durant sa décorporation, il rencontra une lumière irradiant l’amour et des entités spirituelles d’une grande beauté. Lumière, amour et beauté sont des constantes des récits de cette nature. Les monstres courroucés à tête d’animal et armés de couteaux du panthéon tantrique n’étaient pas là. Ils n’ont probablement pas accès à la dimension spirituelle véritable qui se caractérise par cet amour attesté par de nombreux témoignages. Les déités tantriques sont-elles cantonnées dans un infra monde ?


C’est un effroyable spectacle qui s’offrirait à l’initié tantrique décédé. Les déités courroucées du Bardo brandissent des hachoirs et des coupes crâniennes emplies de sang. Candhalî est une dévoreuse de cœur et de cadavre, Srigalamukhâ à tête de renarde mange les entrailles, Nandâ à tête de corbeau est parée d’une peau d’enfant…


Les visions secrètes du cinquième dalaï-lama


La biographie secrète du cinquième dalaï-lama contenue dans " Le Manuscrit d’Or ", traduit par Samten Gyaltsen Karmay, fait état d’expériences visionnaires parfois terrifiantes. Par exemple, durant l’année Eau-Rat (1672), à partir du neuvième jour, le dalaï-lama commence un retraite dans le palais du Potala. Il pratique la méditation quand il a une vision repoussante. " Une femme hideuse apparaît à ce moment, portant une robe tissée de poils de yak, à la tête d’une armée de démons. De ce rassemblement sortent un homme de couleur rouge et une démone, tenant le cœur et les poumons d’un homme qu’il viennent de tuer à l’entrée d’un temple dans un village. " (S. G. Karmay)


La passion du dalaï-lama pour les rituels et la magie le confronte à des puissances occultes inquiétantes. Le pontife doit repousser les attaques des bsen-mo, esprits maléfiques féminins, des démons dam-sri, et des légions d’esprits hostiles gson’dre, gong-po... Il a recours a des cérémonies macabres et utilise des ingrédients rituels répugnants pour anéantir les forces démoniaques. Selon le cycle du rD-rje gro-lod gnam-lcags ‘bar-ba, l’encens est remplacé par la chair humaine brûlante (sha-chen-gyi bdug-spos), les lampes sont alimentées par de la graisse humaine fondue (tshil-chen-gyi mae-me), le sang remplace l’eau rituelle, les fleurs sont substituées par des yeux… Une peau humaine (g.yang-gzhi) et un crâne sont utilisés par le magicien tantrique qui suit les instructions données par Zur Chos-dbying rang-grol. L’initiation à la déesse gSang- sgrub, un aspect particulier de dPal-dan lhamo, exige une tête humaine fraîchement coupée.


La barbarie qui émaille la spiritualité du cinquième dalaï-lama n’émeut personne. Elle passe totalement inaperçue, noyée dans le courant d’éloges et d’émerveillement inconditionnels qui transporte le bouddhisme tantrique au cœur des nations modernes. De nombreux artistes, des intellectuels succombent à la fascination du lamaïsme magique et… sanguinaire. Mais qui veut voir les coupes crâniennes emplies de sang représentées sur presque tous les tangkas ? Les tantras les plus obscènes et les moins ragoûtants sont traduits et qualifiés de révélations merveilleuses.


Le pontife tibétain fait consigner toutes ses visions par un scribe. Un matin, il récite le mantra de Tara blanche, la déité lui apparaît. Un autre jour, il a la vision des gardiens du dharma. Le lendemain il voit Padmasambhava en union avec sa parèdre. La platitude des commentaires du " Manuscrit d’Or " est consternante. Le dalaï-lama n’est pas un mystique contrairement à Saint Jean de la Croix, par exemple, pour évoquer un véritable poète mystique.


Ceux qui associent parfois au mot mystique le merveilleux et sont convaincus que le Tibet est le pays des prodiges, seront étonnés en découvrant les prouesses d’un religieux Italien, un contemporain du 5ème dalaï-lama.


Giuseppe Desa naît en 1603 en Apulie, dans le sud de l’Italie, seulement quatorze ans avant la naissance du 5ème dalaï-lama. Il est ordonné prêtre à l’âge de 25 ans.

" Un jour qu’il venait de dire la messe dans la chapelle même du Saint-Office, dédiée à saint Grégoire d’Arménie, il poussa soudain un cri, s ‘éleva tout droit dans les airs, les bras tendus en croix, et alla se poser parmi les fleurs de l’autel, au milieu des nombreux cierges qui y brûlaient. Les assistants poussèrent des cris, croyant qu’il allait prendre feu. Il n’en fut rien. Il resta là un moment sous les yeux effarés de l’assistance, puis, poussant un autre cri, il fut transporté en arrière dans l’église et déposé doucement au sol sur les genoux. Alors commença une autre scène aussi surprenante et peu édifiante que la première : il se mit à tourner sur ses genoux comme une toupie, sautant parfois en l’air sans prendre aucun élan, tandis qu’il répétait : " Ô Bienheureuse Vierge Marie ! Ô Bienheureuse Vierge Marie ! "
Cette prouesse embarrassa fort l’Inquisition, car le frère Joseph, à par sa vertu, ses austérités et ses indiscrètes lévitations accompagnées de cris, ne se signalait par aucune qualité d’esprit particulière. Il était fort clairvoyant en s’appelant lui-même " l’âne ". L’Inquisition de Naples s’en débarrassa en l’envoyant à Rome sous la garde du père général de son Ordre. Celui-ci le présenta au pape Urbain VIII (Maffeo Barberini), esprit cultivé, aristocratique et sceptique, plus connu pour ses poésies latines (fort profanes) et son habileté politique à distribuer les bonnes places aux membres de sa famille que pour son goût des pieuses extravagances, la vivante antithèse, en somme, du pauvre père Joseph.
Aussi, quel ne fut pas son embarras lorsque l’ancien palefrenier, s’étant agenouillé devant lui pour lui baiser dévotement le pied, fut soudain saisi par l’extase et s’éleva dans les airs en poussant son cri habituel. Il y resta sous le regard ahuri du pape jusqu’à ce que son supérieur lui eut signifié que c’en était assez et qu’il eût à redescendre sur terre comme tout le monde, ce qu’il fit. Tout sceptique qu’il était, Urbain VIII déclara que, si Joseph mourait avant lui, il viendrait lui-même attester l’authenticité de ce prodige lors du procès de canonisation. "


Aimé Michel " METANOIA, Phénomènes physiques du mysticisme "